Largeur de bande, débit et latence
Lorsque nous parlons de réseaux, il est courant d’entendre des termes tels que « débit » et « latence ». Imaginons un instant une autoroute. La largeur de bande pourrait être comparée au nombre de voies sur cette autoroute : plus il y a de voies, plus il est possible d’avoir de voitures roulant simultanément. Le débit, lui, serait comparable au nombre de voitures traversant un tronçon donné en une heure. Enfin, la latence pourrait être vue comme le temps qu’il faut pour qu’une voiture voyage d’un point A à un point B. Une autoroute avec de nombreuses voies et peu d’embouteillages permet un voyage plus fluide et rapide. De la même manière, un bon réseau sera caractérisé par une large largeur de bande, un débit élevé et une faible latence, garantissant ainsi un transfert d’informations efficace et rapide.
Le débit
Le débit (aussi appelé bande passante) est un terme essentiel dans le monde des réseaux qui décrit la quantité de données pouvant être transmises sur un réseau en un temps donné. Il est souvent mesuré en bits par seconde (bps), kilobits par seconde (Kbps), mégabits par seconde (Mbps) ou même davantage en gigabits par seconde (Gbps) pour des réseaux très rapides. Lorsque nous discutons de débit, il est crucial de comprendre la distinction entre le débit théorique et le débit effectif.
Le débit théorique est, en gros, le débit maximum annoncé par les fournisseurs d’équipement ou de services. C’est un peu comme la vitesse maximale indiquée sur le compteur d’une voiture. Si tout est optimal, c’est la vitesse (ou le débit) que vous pourriez potentiellement atteindre. Mais tout comme vous ne roulez pas constamment à la vitesse maximale sur la route, votre réseau n’atteint pas toujours son débit théorique maximal.
Cela nous amène au débit effectif. Lorsque des données sont transmises sur un réseau, elles ne voyagent pas seules. Chaque morceau de données est emballé dans ce que nous appelons un “paquet”, qui contient non seulement les données réelles, mais aussi des informations supplémentaires, souvent sous forme d’en-têtes, nécessaires pour acheminer ces paquets de manière appropriée à travers le réseau. Ces informations supplémentaires occupent une partie de la capacité de transmission. Par conséquent, bien que vous puissiez avoir un débit théorique élevé, une portion substantielle de cette bande passante est consommée par les informations techniques nécessaires à l’acheminement des données, réduisant ainsi le débit effectif pour le contenu réel.
Enfin, il y a un autre facteur à considérer. Parfois, les fournisseurs d’accès Internet (FAI) peuvent intentionnellement limiter le débit effectif. Souvent, il s’agit d’une mesure pour éviter les problèmes d’encombrement du réseau, en particulier lors des périodes de forte utilisation. En régulant le débit, les FAI peuvent s’assurer que le réseau reste stable et fonctionnel pour le plus grand nombre d’utilisateurs possible, même si cela signifie des vitesses réduites pour certains.
Il est essentiel de pouvoir distinguer entre le débit montant et le débit descendant lorsqu’on parle de connexion Internet. Le débit montant, souvent appelé “upload”, représente la vitesse à laquelle les données sont envoyées de votre appareil vers Internet. Cela peut être pertinent, par exemple, lorsque vous envoyez des photos sur le cloud, participez à des vidéoconférences ou envoyez des e-mails avec de grandes pièces jointes. Le débit descendant, quant à lui, souvent désigné par le terme “download”, indique la vitesse à laquelle vous pouvez télécharger des données depuis Internet vers votre appareil. C’est cette vitesse qui est la plus remarquée lors du streaming de vidéos, du téléchargement de logiciels ou de la navigation sur des pages web riches en contenu. Souvent, pour les connexions domestiques, le débit descendant est nettement supérieur au débit montant, car la plupart des activités des utilisateurs requièrent plus de données entrantes que sortantes.
Pour mesurer le débit de votre connexion, vous pouvez utiliser l’un des nombreux outils en ligne disponibles. Ces tests de vitesse fonctionnent en envoyant des données entre votre appareil et un serveur distant, mesurant ainsi la rapidité avec laquelle les données sont téléchargées et téléversées. Cependant, il est important de noter que ces tests mesurent la vitesse de la connexion entre votre appareil et ce serveur, et non la vitesse réelle depuis votre modem. De plus, si vous effectuez le test via une connexion Wi-Fi, le résultat risque d’être affecté. En effet, le Wi-Fi peut souvent être plus lent qu’une connexion directe par câble en raison de divers facteurs tels que les interférences, la distance par rapport au routeur et d’autres éléments techniques.
La largeur de bande
La largeur de bande est un concept souvent méconnu ou mal compris par les utilisateurs finaux. Techniquement, la largeur de bande fait référence à la gamme de fréquences à travers laquelle les données peuvent être transmises sur un réseau. Elle est mesurée en hertz (Hz) et indique la capacité du canal à transmettre l’information.
Pour mieux comprendre, prenons l’analogie de la radio. Afin d’écouter une station radio, vous sélectionnez une fréquence spécifique. La station utilise alors une gamme de fréquences autour de cette fréquence centrale pour transmettre la musique, les paroles et d’autres informations. La “largeur” de cette gamme est en quelque sorte la “largeur de bande” de cette station radio.
Dans le contexte des réseaux, en particulier du Wi-Fi, la largeur de bande est cruciale. Certains routeurs modernes, équipés de la technologie MIMO, utilisent plusieurs antennes pour émettre et recevoir des signaux simultanément sur plusieurs canaux de fréquence. Cela permet d’augmenter considérablement le débit grâce à une largeur de bande plus grande. Ils peuvent simultanément communiquer avec plusieurs appareils grâce à des canaux différent, ou pour un seul appareil, ils peuvent combiner les canaux pour offrir une connexion plus rapide.
La latence
La latence est souvent décrite comme le temps qu’il faut pour qu’une information voyage d’une source à une destination à travers un réseau. Elle est généralement mesurée en millisecondes (ms) et est cruciale pour de nombreuses applications, notamment celles qui nécessitent une communication en temps réel. En d’autres termes, c’est le temps qu’il faut pour qu’un paquet de données voyage d’un point à un autre dans le réseau. Une latence faible est essentielle pour de nombreuses applications en temps réel, notamment pour la téléconférence, la diffusion en direct et, surtout, les jeux en ligne.
L’une des méthodes couramment utilisées pour mesurer la latence est le “ping“. Le ping envoie un paquet de données vers une destination spécifique, qui renvoie ensuite ce paquet au point d’origine. La durée totale de ce voyage aller-retour est ce que nous appelons le “temps de latence”, et elle donne une estimation du temps pour voyager entre ces deux points.
Cependant, la latence n’est pas le seul facteur à considérer. Le “loss” ou “perte de paquets” est une situation où des paquets de données envoyés d’un appareil à un autre n’atteignent jamais leur destination. Cette perte peut être causée par une multitude de raisons, notamment une congestion du réseau ou des problèmes matériel. Dans le monde du jeu en ligne, une perte importante de paquets peut provoquer des saccades ou des déconnexions. Une perte élevée de paquets peut rendre un jeu presque injouable.
Le “jitter” ou “gigue” en français, est un autre élément essentiel à considérer lorsqu’on parle de réseaux et de jeux en ligne. C’est la variation de la latence sur une période de temps, ou en d’autres termes, l’incohérence du temps de latence. Imaginez une situation où la latence varie constamment, passant de 10 ms à 100 ms puis à 50 ms en l’espace de quelques secondes. Cette fluctuation pourrait entraîner des expériences de jeu inégales, où le jeu semble parfois fluide et parfois saccadé. La gigue peut être causée par de nombreux facteurs, dont la congestion du réseau, l’équilibrage de charge ou des problèmes d’acheminement. Dans le contexte des jeux, une gigue élevée peut provoquer des problèmes de “rollback”.
La technique du “rollback” est largement adoptée dans les jeux en ligne pour minimiser les perturbations causées par la latence. Prenons l’exemple de deux adversaires engagés dans un combat virtuel. À cause de la latence, l’un d’eux pourrait, par exemple, être tué dans le jeu, mais en raison du délai de transmission de l’information, il pourrait continuer à se déplacer comme s’il était encore en vie. Ces décalages peuvent créer des incohérences dans la dynamique du jeu. C’est ici qu’intervient le “rollback”. Cette technique ramène temporairement le jeu à un état précédent pour s’assurer que les mouvements de chaque joueur sont synchronisés et reflètent fidèlement leurs intentions. Même si cela peut parfois sembler déroutant, avec des actions qui semblent être annulées ou modifiées, grâce au “rollback”, les joueurs peuvent profiter d’un jeu plus cohérent et équitable, même dans des conditions de latence fluctuantes.
Enfin, le “choke” fait référence à une situation où le serveur envoie plus de données qu’un client (comme votre ordinateur ou votre console de jeu) ne peut en traiter. Imaginez un tuyau d’eau où l’eau est versée trop rapidement, provoquant un débordement. Dans les jeux, cela peut entraîner des ralentissements ou des perturbations, car le client essaie de “rattraper” les données entrantes.
Dans le monde des jeux vidéo en ligne, où chaque milliseconde compte, ces métriques sont essentielles. Une latence élevée ou un taux de perte important peuvent sérieusement affecter l’expérience de jeu, en particulier dans des genres où la réactivité est primordiale, tels que les jeux de tir à la première personne ou les jeux de sport. C’est pourquoi la compréhension et la surveillance constante de ces métriques sont fondamentales pour garantir une expérience de jeu optimale.